Les terres 

 

Il existe plusieurs sortes de terres : le grès, la porcelaine et la faïence sont les principales. Ma terre préférée est la faïence, terre argileuse de teinte ocre ou rose pâle avant coloration. C’est un mélange de potasse, de sable, de feldspath, d’argile, broyés finement et additionnés d’eau. Recouvertes de leur émail à base d’étain, blanc ou coloré, les pièces de terre cuite deviennent des «faïences». 

Une première cuisson transforme le pot cru en «dégourdi» ou «biscuit». 

À ce stade, la pièce est poreuse. 

Après émaillage de la pièce, la deuxième cuisson transforme ce biscuit et le rend imperméable. La plupart des céramiques que nous avons l’habitude de voir sont recouvertes en surface d’un ou plusieurs émaux colorés ou irisés qui leur donnent un dessin et une coloration particulière.

Ce n’est pas le cas pour les terres mêlées, nériage ou nérikomi, qui colorent la pièce dans la masse.

Le nériage, ou terres mêlées

“ Le terme «nériage» est la traduction du mot japonais : «nerikomi» ou «nerikomé», du préfixe «néri» = «à mélanger» + «âge» = «tirer» ou «komi» = «presser»” Terre nériagée : terre composée de différentes argiles assemblées, colorées ou non .

Le nériage, le nerikomi

Cette technique a été mise au point par les potiers chinois entre le VIe et le VIIIe siècle. Elle a été utilisée en Chine mais aussi en Égypte et par les Romains.
Au XVIIIe siècle, des potiers français et anglais ont développé cette technique en juxtaposant des pâtes de différentes couleurs pour imiter le marbre et l’agate.
Dans la technique des terres mêlées ou nériage, graphisme et couleur ne sont pas superficiels mais noyés dans la masse de l’argile. La pâte céramique est colorée avec des oxydes afin d’obtenir des terres aux couleurs multiples. Elle est ensuite assemblée, malaxée, travaillée à la main pour obtenir des effets marbrés, jaspés, avec des motifs variés, plus ou moins contrôlés.

Une autre technique, plus complexe, originaire du Japon, le nerikomi, va proposer des motifs très contrôlés. Des plaques de différentes argiles colorées avec des oxydes sont empilées, pliées, pressées en rondins, tranchées et disposées dans un moule. De cette manière, les nombreuses couches empilées apparaissent comme de fines lignes ondulantes noyées dans une couleur environnante dans la pièce terminée, un peu comme une marqueterie en ébénisterie.

La technique

Le procédé consiste à empiler des argiles de couleur, à les sectionner par la tranche, les battre ensemble et les couper à nouveau jusqu’à faire apparaître dans la masse des effets colorés entremêlés, parfois surprenants. Il est ainsi possible de réaliser des pièces marbrées mais aussi des pièces aux motifs plus géométriques.
On utilise des terres de couleurs différentes, deux ou trois ou plus, que l’on mêle subtilement pour composer le dessin ou l’agencement de couleurs recherché. Ensuite, on laisse reposer ce mélange, en préservant une hydratation uniforme des différentes terres pour les stabiliser les unes par rapport aux autres du fait de leur différents coefficients de dilatation qui s’exprimeront à la cuisson. On assemble ces plaques, bandeaux, lamelles ou morceaux d’argile colorée par estampage dans un moule.
On peut aussi insérer par incrustation des formes décoratives dans la surface d’une plaque de terre de faible épaisseur. Cette méthode permet de réaliser des motifs d’une grande richesse, et un dessin assez précis.
L’ensemble est lissé sur le moule à l’éponge, puis mis à sécher aussi lentement que possible.
Le dessin a alors complètement disparu sous le passage de l’éponge.

Une fois séchées, (deux à cinq jours et jusqu’à dix jours pour une assiette), les pièces sont grattées avec une estèque (lame courbe en acier) dans le but de les amincir. Cette opération de grattage, lente et exigeante, se fait en plusieurs étapes au cours du séchage (stade «cuir», stade sec).
Le dessin du nériage ou du nerikomi apparaît peu à peu sous l’estèque. Il se «révêle». Ces étapes sont délicates car la pièce n’est pas encore cuite à ce stade de la fabrication. Il peut y avoir des fentes ou des craquements car les terres n’ont pas toute un retrait uniforme.

Le ponçage

 

Les pièces sont ensuite poncées soigneusement avec une éponge abrasive de plus en plus fine, ou de la laine d’acier, puis essuyées et prêtes à passer en première cuisson.

Les cuissons

Après la première cuisson (environ 980° pendant huit heures), on obtient un biscuit poreux. Les couleurs sont déjà en place, mais elles sont pâles.
Un émaillage transparent (couverte) viendra accentuer la vivacité des couleurs
et souligner la richesse du graphisme. Après une deuxième cuisson, la pièce est prête à l’usage.